La controverse entre la vitamine E naturelle et de synthèse

« La controverse entre la vitamine E naturelle et de synthèse », MAHAN, 2009

 

L’alpha-tocophérol est reconnue comme la forme de vitamine E ayant la plus forte activité chez l’animal. Il en existe deux sources : la naturelle et la synthétique. L’alpha-tocophérol naturel est composé d’une molécule RRR-alpha-tocophérol. La forme synthétique est racémique, c'est-à-dire qu’elle est composée d’un mélange de 8 isomères (all-rac-alpha-tocophérol : RRR, RRS, RSR, RSS, SSS, SSR, SRS).
 
 
En 1999, la pharmacopée américaine a publié dans le système d’Unité Internationale (U.I), les valeurs des deux sources de vitamine E en utilisant une étude réalisée sur des rats indiquant que la source naturelle présentait une activité biologique 36 % supérieure à la source synthétique pour une même dose. Le Journal Officiel de l’Union Européenne a suivi ces équivalences. Elles ont été publiées le 14 janvier 2011 (N°26/2011) : 1mg d’acétate d’alpha-tocopheryle totalement racémique = 1 UI, 1mg d’acétate de RRR-alpha-tocophéryle = 1.36 UI et 1 mg de RRR-alphatocophérol = 1.49 UI.

Différentes études réalisées chez la truie, les porcelets et les porcs charcutiers démontrent que l’activité biologique de la vitamine E naturelle est sous estimée. Chez la truie, des ratios de 1.61;1.89 et 1.58 ont été calculés respectivement dans le sérum, le foie et le colostrum. Chez les porcelets, l’apport de vitamine E est très important en raison, d’une part, de leur croissance rapide et d’autre part de la décroissance rapide de leur stock de vitamine E. Les porcelets ne possèdent pas les enzymes nécessaires à l’hydrolyse des formes acétate.
 
Ils sont donc dépendants de la qualité du lait de la truie ou d’unapport de vitamine E non acétate.
 

Chez le porc en finition, 2 études récentes se sont intéressées à l’équivalence vitamine E naturelle et vitamine E synthétique.

 

La première (Yang et al., 2009) a clairement démontré un ratio d’environ 2,64 et 2,2 respectivement pour le muscle cardiaque et les reins. D’autres tissus ont été évalués et ont présenté la même tendance. La seconde étude (Boler et al., 2009), réalisée sur des porcs charcutiers en finition, a utilisé la dose de 200 UI en vitamine E naturelle pour un lot et la dose de 200 UI en vitamine E synthétique pour un autre lot. Il a été constaté que l’oxydation de la viande était bien inférieure pour le lot ayant reçu de la vitamine E naturelle. Ces dernières études confirment que le ratio de 1.36 sous-estime l’activité biologique de la vitamine E naturelle. Un ratio entre 1.75 et 2.25 paraîtrait plus raisonnable.